"Le vendeur de journaux" de Marc Chagall exposé au Musée Thyssen-Bornemisza, à madrid le 13 février 2012 Un Chagall comme jamais au musée Thyssen-Bornemisza de Madrid 13 février 2012 |
Du "cirque bleu" aux illustrations des Fables de La Fontaine, le monde poétique et coloré du peintre Marc Chagall est exposé à partir de mardi au musée Thyssen-Bornemisza de Madrid, dans une rétrospective "rarissime" de plus de 150 oeuvres, venues du monde entier."Pour la première fois, il est représenté d'une manière aussi globale, et surtout dans des tonalités qui sont incroyablement poétiques et légères et fluides", explique Meret Meyer, petite-fille du peintre russe et vice-présidente du comité Chagall."C'est rarissime d'avoir autant de chefs d'oeuvres du monde entier. Ca ne sera pas possible dans les années à venir", se réjouit-elle.L'exposition retrace, au travers de plus de 150 oeuvres venues de collections privées et de musées du monde entier, l'univers de Chagall pendant sa jeunesse dans le Paris effervescent des années 20, son exil dans les années 40 aux Etats-Unis, jusqu'à sa mort en 1985 dans le sud de la France.Une partie est exposée au musée tandis que l'autre est visible un peu plus loin dans les locaux de la fondation CajaMadrid, qui co-organise la rétrospective. L'idée, en organisant cette exposition en Espagne, était "de découvrir un univers, pour le public espagnol, qui n'a rien à voir avec ce que vous connaissez de la peinture du XXe siècle, la peinture historique", explique Jean-Louis Prat, commissaire de l'exposition."Marc Chagall est un artiste atypique. Il développe tout au long du XXe siècle une oeuvre en dehors de tout mouvement, de toutes les écoles", ajoute-t-il.Car "lorsqu'il débarque à Paris en 1910, Chagall est considéré un peu comme un phénomène". C'est la fin de l'impressionnisme, le début du cubisme. L'époque fauve est déjà terminée.Et si "Chagall découvre avec une joie extraordinaire toutes ces avant-gardes", elles ne vont pas l'influencer. "Il va s'en servir, certes, un tout petit peu, comme ça", raconte Jean-Louis Prat.Son monde à lui est envahi de couleurs, de rêves, même si l'arrivée du fascisme dans les années 30 va assombrir passagèrement son oeuvre.Et pour défendre son identité, il crée un monde habité de personnages venus de sa culture russe et juive --paysans, rabbins, musiciens-- mêlés à son univers poétique et onirique où les vaches jouent du violon.On le retrouve dans ses peintures les plus connues, "Le cirque bleu", "La Danse" ou encore "Les Toits rouges"."C'est l'univers qu'il a toujours aimé, la danse, la musique, le cirque, qui faisait rêver l'enfant qu'il était", explique le commissaire qui avait déjà organisé la dernière grande rétrospective du vivant de l'artiste en 1984, en France.Avec cette exposition, "nous voulions montrer un Chagall ami des poètes", précise-t-il, assurant qu'il avait noué une amitié dans les années 1910 avec Guillaume Apollinaire et dans les années 60 avec André Malraux."Les poètes se sont reconnus en lui", ajoute-t-il, montrant une rare collection de gravures que le peintre réalisa dans les années 50 pour illustrer notamment les célèbres Fables de la Fontaine.Dans les oeuvres moins connues aussi, on peut voir des illustrations en noir et blanc de la célèbre nouvelle "Les âmes mortes" de l'écricain russe Nicolas Gogol ou encore d'autres de la bible.Mais ce côté plus sobre ne change rien au "message de fraîcheur" voulu par les organisateurs."Avoir des messages de fraîcheur, de couleur, de vie tout simplement, dans des pays qui vivent des moments très difficiles, sont toujours porteurs d'espoir, et c'est ça qui est très important", souligne Meret Meyer.